Les jouets sont-ils sexistes ?

À l’approche de Noël, les catalogues de jeux pour enfants inondent nos boites à lettres. La présentation et la sélection de jouets proposés, encore souvent catégorisés dans des pages roses et bleues, revêtent-elles un caractère sexiste ?

Le sexisme, rappelons-le, est une attitude ou une idéologie discriminatoire fondée sur le sexe. Ce terme, calqué sur « racisme », est apparu dans les années 1960 avec le nouvel essor du féminisme. Il exprime une idéologie qui repose sur l’idée que les femmes sont inférieures aux hommes. Il conduit à la discrimination entre les femmes et les hommes.

Comment se construisent le masculin et le féminin au travers des jouets et de leurs usages ? Pourquoi le petit garçon rêve-t-il d’être médecin et la petite fille infirmière ?

Selon Mona Zegai, doctorante en sociologie spécialisée dans les jouets au regard du genre : « Les jouets « sexués » n’ont vraiment fait leur apparition que dans les années 70-80. Les marques y ont ainsi vu un moyen de vendre plus : s’il y a des jouets réservés aux filles et aux garçons, les frères et sœurs ne peuvent plus se les échanger et les parents doivent acheter deux fois plus. Avant ces années-là, aucun code couleur, aucune indication n’incitait particulièrement les enfants à se diriger vers tel ou tel jouet. Pourtant, les garçons ne jouaient déjà pas spécialement à la poupée. Certes, beaucoup de petites filles aiment sincèrement les poupées, mais ce goût ne sort pas de nulle part. Et en grandissant les garçons développent par exemple un intérêt pour la technique, car leurs jouets sont beaucoup plus complexes, et les filles un « instinct » maternel car on leur a mis un bébé dans les bras. ». Effectivement, un jouet est rarement associé à un genre particulier. Ce sont les signaux environnementaux véhiculés par la société, le commerce, le milieu familial, les professionnels de l’enfance qui déterminent si un jeu est considéré comme plus particulièrement destiné aux filles ou aux garçons.

C’est ce que Le Collectif Contre le Publisexisme et Mix Cité ont cherché à mettre en lumière dans l’ouvrage « Contre les jouets sexistes », publié en 2007. Les auteurs mettent en lumière les quatre catégories de jouets féminins correspondant aux rôles attendus des filles devenues adultes :

  • La mère, la soignante : en maternant des poupons à l’aide de kits de puériculture, en soignant enfants ou animaux avec des mallettes d’infirmière ou de vétérinaire.
  • La bonne ménagère : avec des petites cuisinières, des fers à repasser, des aspirateurs…
  • La créative : avec la musique, le chant, la danse et des boites pour fabriquer des colliers, des tableaux, de la poterie…
  • La belle et amoureuse : avec une coiffeuse, du maquillage, des bijoux, de belles robes de princesse pour le jour où son prince viendra…

Si les jeux attribués aux filles concernent souvent l’intérieur, la vie domestique, les quatre catégories de jeux proposés aux garçons touchent prioritairement l’extérieur :

  • La conquête : avec des véhicules à grande vitesse, les jeux de stratégie, les figurines de chevaliers et de pirates…
  • La technique : avec des boites de chimie ou d’astronomie, des jeux de constructions…
  • La puissance : avec ses figurines et déguisements de supers héros aux vissages impassibles…
  • La guerre : avec toutes sortes d’armes, des déguisements de cow-boy…

Les châteaux forts prévus pour les petites filles sont souvent roses ou violets, garnis de mobilier et habités par des familles tandis que ceux pour les petits garçons sont gris ou bleus, vides à l’intérieur mais avec des chevaliers, des chevaux et dragons pour défendre et conquérir. Cela illustre bien la répartition des rôles attendus…

Que l’on retrouve aussi dans les déguisements : pendant que le garçon aura un déguisement de médecin, la fille aura une panoplie d’infirmière. On retrouve bien la hiérarchie sociale ainsi que le rôle dit masculin de scientifique et celui dit féminin de soignante…

Les jouets « neutres », comme par exemple les Legos ou les Playmobil, demeurent le plus souvent considérés comme des jouets masculins. Ils se déclinent alors en « version fille » avec des couleurs se rapportant à la féminité, moins de pièces à assembler et évoquant des thèmes de famille, d’art, de soins, de shopping.

Le collectif dénonce ces fabricants, qui ne se soucient pas de la visée sexiste de leur démarche.

Que l’on soit d’accord ou non avec son analyse, force est de reconnaître qu’en tant que parents et éducateurs, il nous appartient de proposer une sélection avisée de jeux et livres aux enfants, avec la conscience de ce qu’ils façonnent dans leur construction sociale. Zazzen vous présente quelques idées…

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