Quels sont les effets du port du masque sur le développement de l’enfant ?
Depuis l’obligation du port du masque dans les structures d’accueil des jeunes enfants se pose la question des éventuels impacts de cette pratique sur le développement du jeune enfant.
Après des études et retours d’expériences de professionnels agissant auprès d’enfants en structure d’accueil, on peut constater que le port du masque chirurgical ou inclusif (laissant la bouche apparente) aurait des impacts réels mais heureusement limités sur les interactions sociales, le développement du langage ou la compréhension des émotions chez le jeune enfant.
L’acquisition du langage
Les différentes études sur le développement de l’enfant ont montré que, pour se construire, l’enfant a besoin de relations sociales et d’interactions avec les personnes qui l’entourent.
Le petit bébé se construit grâce à ses relations avec les adultes, grâce à leurs mots, leur voix et leurs expressions de visage ainsi que tous les signes non verbaux.
Le masque, en occultant une partie du visage, a créé une forme de communication qui est incomplète pour le jeune enfant puisque toutes les expressions transmettant des informations non verbales sont manquantes. D’ordinaire, l’enfant va se servir de tous les signes du visage pour décrypter les informations nécessaires à la communication afin d’en comprendre les codes. Il a besoin de combiner le son du mot avec la forme que prend la bouche pour développer un langage assuré et fiable. Aujourd’hui, cela manque à l’enfant et on constate que même si cela n’empêche pas le développement du langage chez le tout petit, le nombre de mots acquis est plus limité, le vocabulaire moins varié et la prononciation hésitante. Les professionnels ont constaté de manière générale un impact sur la compréhension, sur l’écoute et la production du langage chez le jeune enfant.
Les relations sociales
La recherche a montré que, dès le plus jeune âge, les bébés ont une préférence pour les visages qui sourient. Cela les rassure et permet un partage émotionnel et la création d’un lien de sécurité affective de qualité. Face à ces visages masqués toute la journée, on constate que les enfants étant en lien au quotidien avec des adultes masqués sourient moins, même s’ils ne semblent pas moins épanouis au quotidien. De manière générale, les professionnels considèrent que le sourire-réponse est plus long à se déclencher chez le tout petit depuis que les professionnels doivent porter le masque toute la journée.
Les professionnels mettent en avant la capacité d’adaptation des enfants et constatent que malgré l’inquiétude des premiers temps, les enfants arrivent à trouver des repères différents pour développer des interactions sociales rassurantes et de qualités.
La compréhension des émotions
Pour développer son intelligence émotionnelle, le jeune enfant va s’appuyer sur les informations données par les expressions du visage et du corps. De fait, le masque a réduit le champ des informations rendant plus complexe la compréhension des émotions par le jeune enfant.
Connaissant toutes ces informations, les professionnels de la petite enfance ont insisté sur le langage paraverbal (ton de la voix, articulation), et ont de manière assez naturelle accentué tous les autres canaux de communication tels que le sourire avec les yeux, le plissement des yeux, haussement des sourcils, les onomatopées et tout le langage corporel.
Pour conclure
De manière générale, depuis l’obligation du port du masque dans les structures d’accueil de jeunes enfants, on peut constater que les impacts négatifs restent limités et n’entraînent qu’un apprentissage rendu parfois un peu plus long. En effet, les professionnels ont su mettre en place des stratégies, des parades pour permettre de limiter les conséquences négatives sur l’accompagnement quotidien des enfants. Les jeunes enfants eux-mêmes ont su s’adapter et développer un potentiel leur permettant d’évoluer de manière adaptée à ces restrictions.